La Grande Compassion
Précepte de Base
< Si vous n’écartez pas vos préjugez contre certains et que vous soyez hostile aux autres, amour ou compassion seront partiaux. > Tsongkhapa
A young Tibetan girl offering His Holiness the Dalai Lama a traditional welcome on his arrival at the Indiana Buddhist Center in Indianapolis, Indiana on June 24, 2016. Photo/Jeremy Russell/OHHDL www.dalailama.com
*** Mahayana
*** Niveau Avancé
LIBÉREZ-VOUS DE VOS PRÉJUGÉS DANS VOS RELATIONS AVEC LES AUTRES
Les sept préceptes de la cause et de l’effet ouvrent par un précepte qui n’y est pas inclus, puisqu’il en est le fondement. C’est la pratique de l’équanimité, une égalité d’esprit envers les autres. Le développement d’un engagement, aussi intense et immense, envers les autres, exige d’abord de pacifier vos dispositions mentales vis-à-vis des autres et de venir impartial. Tsongkhapa dit :
Si vous n’écartez pas vos préjugés contre certains et que vous soyez hostile aux autres, amour ou compassion seront partiaux.
Actuellement, vous ressentez une sensation d’intimité, d’affection pour vos amis, qui rend plus facile l’émission du souhait qu’ils soient libérés de la souffrance et obtiennent le bonheur. Mais les ennemis sont rejetés, et parfois, nous nous réjouissons de leurs malheurs. Et les personnes neutres, ni amies ni ennemies, nous laissent indifférents, sans attirance ou répulsion. Tsongkhapa le dit sans ambages :
<À présent, vous ne supportez pas que vos amis souffrent, mais vous vous délectez des souffrances de vos ennemis, et vous êtes indifférents aux personnes neutres>.
La sympathie ordinaire envers des amis est quelquefois un obstacle pour arriver à motiver de la compassion pour tous les êtres, car elle n’est pas impartiale. La sympathie est teintée d’attachement et, par conséquent, associée à une émotion aliénante. En revanche, la véritable compassion provient de la reconnaissance que l’aspiration des autres à être heureux et à refuser la souffrance est comparable à la nôtre. Elle suscite le vœu compatissant qu’ils doivent aussi en être libérés. Émanant d’une analyse, cette compassion envers quelqu’un n’est pas affectée par l’intérêt, c’est-à-dire savoir si l’ami est utile, l’ennemi nuisible: l’individu est seulement neutre. La réelle compassion ne doit pas dépendre de la bonté d’une personne envers vous.
Vous êtes à l’origine de l’affection, car elle est une réponse à la gentillesse de l’autre. La sympathie, les rapports amicaux ordinaires sont, pour cette raison, partiels. Alors que la véritable compassion a d’autres origines.
Modifiez vos réactions
Le travail sur l’équanimité n’a pas pour objectif de démontrer qu’il n’y a pas d’amis ni d’ennemis. Pas question de nier que des personnes qui vous offrent de l’aide sont des amis et que ceux qui vous nuisent sont des ennemis. Néanmoins, à travers la course du temps, les situations changent, le classement entre amis et ennemis n’est pas définitif. Chercher simplement à limiter cet attachement éprouvé envers les uns car, en ce moment, ils sont vos amis ; et ne soyez pas hostile envers les autres car, dans l’immédiat, ils sont devenus des ennemis. Tsongkhapa dit :
Pas besoin de rejeter la notion d’amis ou d’ennemis.
Il faut simplement faire appel à la partialité pour
Comprendre qu’elle découle de l’attachement et de
L’animosité, qui déterminent si les uns et les autres
Sont des amis ou des ennemis.
En développant l’équanimité, vous essayez de ne plus vous appuyer sur le fait qu’une personne vous porte préjudice, ou nuit à des proches, pour lui être hostile. Bien au contraire, comme le propose Shantideva, il faut utiliser de telles situations pour exercer sa patience envers cette même personne. Au fond, un ennemi est une opportunité pour concevoir la pratique cruciale de la tolérance compassionnelle, et ainsi devient précieux en termes de guide spirituel.
Méditation contemplative
1. Imaginez un ami, un ennemi et une personne neutre debout face à vous.
2. Intérieurement observez votre disposition mentale à l’égard de l’ennemi, de l’ami et de la personne neutre.
3. L’ennemi ne présente-t-il aucun attrait ? A-t-il agi contre vous ou des amis au cours de cette vie ?
4. L’ami est-il pleinement attirant ? A-t-il offert de l’aide, à vous ou à vos proches, dans cette vie ?
5. La personne neutre ne présente-t-elle aucun de ces aspects ?
6. Considérez cela sur un laps de plusieurs vies, même si rien ne peut empêcher qu’un ennemi reste un ennemi, qu’un ami demeure un ami, ou qu’une personne persiste à être neutre, dans cette vie-ci.
7. Concluez qu’il est, en conséquence, injuste de classer les uns et les autres en catégories distinctes en fonction de l’intimité, de l’indifférence et de l’animosité.
8. Regardez tous les êtres vivants comme similaires: ils veulent tous le bonheur et refusent la souffrance, comme vous-même.
Réfléchir de cette façon renverse la partialité.
Sa Sainteté le Dalai-Lama